Archives de l’auteur : Marion Eberschweiler

Revenir à la base des besoins humains

(article précédent : Cheminer hors des sentiers battus)

Lorsque je pense au Tchad où j’ai vécu, notamment dans la brousse, mon esprit carbure, essayant de réfléchir de façon pragmatique. Mon père était hydrogéologue. Son travail était de faire des forages dans les pays en voie de développement, en pleine brousse, pour donner accès à l’eau potable aux populations dans le besoin. Dans ces endroits du monde où l’eau est peu abondante, de quoi se nourrit-on ?… En sachant que le pays est pauvre, l’auto-suffisance est primordiale : on ne peut pas dépendre des pays plus riches pour obtenir nos vivres et pour s’en sortir. Quels systèmes pourrait-on mettre en place pour maximiser la survie et aller vers l’abondance ?

Pour cela, j’estime qu’il est nécessaire de comprendre les besoins du corps humain et de percevoir comment les satisfaire d’une manière efficace et rentable même dans la pauvreté. Comment notre espèce a-t-elle survécu pendant des millénaires ? Qu’a-t-elle mangé, n’ayant pas de supermarchés où s’approvisionner ? Il n’y avait pas de champs de céréales non plus. Les êtres humains sont les premiers à avoir tant transformé la nature et agit comme des ravageurs. Pourtant, nous avons fonctionné et évolué sans tout cela.

En fait, nous n’avions qu’à tendre la main pour cueillir… Fruits, feuilles vertes, noix, légumes racines… Insectes éventuellement. Nous avions tout à portée de main.

Notre source principale de glucides était le fruit, puis les légumes racines. Notre source de lipides était les graines et les noix, celle de protéines les feuilles vertes (riches en acides aminées), les noix, les champignons, les insectes. Notre apport nutritionnel était abondant, notre microbiote riche et dense.

Mais sommes-nous toujours adaptés à la consommation de fruits ? Avec tout ce que l’on entends sur les méfaits du sucre de nos jours… Si nous comparons notre anatomie à celles d’autres espèces, nous pouvons y voir plus clair et nous rendre compte que notre physiologie nous guide vers ce dont nous avons besoin.

Anatomie comparée entre les différents régimes alimentaires des animaux.

Nous sommes comme les autres primates : toujours adapté à la consommation de fruits. Le sucre est notre principale source d’énergie : chaque cellule de notre corps et de notre cerveau fonctionne grâce au sucre. Lorsque celui-ci vient avec des nutriments, en particulier s’ils ne sont pas détériorés par la cuisson, ils se mêlent et pénètrent en profondeur au cœur de nos cellules et les nourrissent de façon optimale. Les fibres quand à elles viennent ralentir le pic glycémique et nourrir notre microbiote, dont les bactéries jouent un rôle énorme dans le fonctionnement de notre corps, de notre esprit et même de nos émotions.

En fait, nous devrions baser notre alimentation sur les fruits, les verdures, les légumes et les noix.

Pour les protéines, plutôt que de manger des insectes (l’alimentation entièrement végane étant reconnue et approuvée par les organismes de santé publique), nous pourrions faire des jus de légumes vert, manger des noix, des champignons et des légumineuses germées ou cuites.

Cela nous donne une vision de nos besoins très différente du fonctionnement avec lequel nous vivons à l’heure actuelle. Abreuvés de publicité de fromages, viandes, chocolat, produits raffinés et modifiés à l’extrême, à vrai dire, nous sommes un peu perdus et tiraillés.

Sachez que manger au plus proche des besoins de notre physiologie est apaisant et satisfaisant. Lorsque le corps fonctionne bien, il éprouve infiniment moins l’envie de se tourner vers des produits “addictifs”. Je vous parlerais en détails de ces mécanismes.

Mais peut-on encore nous nourrir de fruits à l’heure actuelle ? Et pouvons nous le faire, même dans des zones pauvres ou désertiques ? Ce sera l’objet de mon prochain article…

(article suivant : Reverdir la terre avec des forêts fruitières).

Reverdir la terre avec des forêts fruitières

(article précédent : Revenir à la base des besoins humains)

Depuis que la vie a émergé sur terre, les végétaux poussent sans notre aide ni notre dur labeur. De même que les autres primates, nos très lointains ancêtres n’ont pas eu a travailler à la sueur de leur front pour se nourrir. Et pour cause : leur nourriture, à portée de main et de grimpette, faisait partie d’un système pérenne. Celui des forêts. Le biotope le plus abondant de notre planète est la forêt ! Comme les océans, elles font partie des sources principales d’oxygène de notre terre. Et elles prodiguent aux animaux refuge et nourriture.

Mais comment appliquer cela même dans les zone désertiques, comme le Tchad où j’ai grandi ? Peut-on recréer une forêt ? Cela laisse rêveur.

Eh bien on le peut ! Dès lors que l’on comprend son fonctionnement. Si vous avez lu le livre “La vie secrète des arbres“, vous savez déjà à quel point les éléments d’une forêt vivent en symbiose. Les arbres font des feuilles. Les feuilles et les fruits tombent au sol. Les petits animaux et les insectes contribuent à changer ces produits en compost, à nourrir la terre au pied de l’arbre et à abreuver l’arbre en eau (en partie) et en nutriments. Le sol est meuble, riche de vie sous terraine, de réseaux de racines, propice aux échanges et à laisser l’eau s’infiltrer. Et il est protégé de la déshydratation par la couche de végétaux au pied de l’arbre, mais aussi par sa canopée qui apporte de l’ombre et empêche le sol de trop s’assécher.

J’ai eu le plaisir de voir des projets de ce type émerger et perdurer, tels que “Greening the desert” de Geoff Lawton, en Jordanie, ou encore celui de Pierre Rabhi, d’abord commencé dans sa région aride d’Ardèche, puis suivi par d’autres projets tel que “Reverdir le Sahel“, pour lutter contre la faim dans le monde.

Cependant, j’ai envie d’aller plus loin dans ma réflexion. Je pense qu’il ne suffit pas de reverdir, il faut aussi penser notre alimentation autrement. Les forêts fruitières ou “Forest garden” sont des systèmes où la base nourricière est le fruit. Attention, il ne s’agit pas de grandes monocultures d’arbres fruitiers comme on peut en voir actuellement ! Au contraire, il s’agit de recréer une forêt, avec toute la diversité que cela engendre, aussi bien au niveau des variétés que des étages de végétation :

Tout ces éléments vivent en synergie et composent un système durable et profitable à tous, que ce soit aux humains pour la nourriture variée et en abondance, aux animaux pour la nourriture et le refuge, à la planète pour l’oxygène…

Cela nous donne un bon exemple de ce que l’on peut attendre du fonctionnement sur notre belle planète.

Je pense que les champs de céréales ou de légumes tels qu’on les cultive actuellement, en immenses monocultures (bien souvent truffées de désherbants et de pesticides pour éviter que la nature reprenne son droit et ne redevienne… une forêt riche et variée !), sont épuisantes pour la terre et pour la faune autant que pour les hommes à entretenir et à cultiver. Ils sont des aberrations pour la biodiversité et pour l’avenir. Les céréales sont une source alimentaire moins durable, sans compter que je la trouve moins intéressante que les fruits et les légumes-racines au niveau nutritionnel.

Il y a en moi l’âme d’une survivaliste. Que nous vivions en plein désert, que nous faisions face à une apocalypse remplie de zombies mutants ou que nous envisagions de prendre notre futur en main, il faut savoir comment agir à l’échelle individuelle. Rien ne sert d’attendre que la solution vienne des autres. Rien ne sert de critiquer sans fin son voisin ou notre gouvernement. Nous ne pouvons compter sur personne d’autre que sur nous-même. Il nous faut apprendre à être l’acteur principal, le moteur de notre propre survie.

Dans mon prochain article, je vous présenterais un système de potager autonome qui peut se greffer à une forêt fruitière, le “Keyhole garden”.

(article suivant : Créer son potager autonome)

Cheminer hors des sentiers battus

Je me passionne pour la santé depuis que je suis adolescente. Pourtant, il faut que vous le sachiez, je ne m’y intéresse pas d’une façon classique. Je suis même totalement hors des sentiers battus.

Ce que vous découvrez de nos jours comme une mode dans les magazines tendances (les smoothies, les jus de légumes frais faits à l’extracteur…), il y a 12 ans en France, en 2007, personne ne s’y intéressait. Un seul site internet un peu baba cool vendait des extracteurs de jus et il existait si peu de naturopathes qu’il fallait aller en Suisse ou ailleurs pour en trouver. Je le sais, puisque je souhaitais devenir naturopathe et que comme c’était un métier inconnu, ma famille m’y avait découragé, me poussant vers des études d’infirmière… ! Autant vous dire que les végans étaient des extra-terrestres et la permaculture un mot savant à jouer au scrabble.

On pourrait alors se demander comment j’ai pu me retrouver plongée au cœur de ce milieu alternatif. En fait, il y avait une raison un peu spéciale à mon intérêt.

Française, je suis née sur une île de l’océan indien, Mayotte. J’ai ensuite grandit entre plusieurs pays d’Afrique et plusieurs cultures, que loin d’observer de l’extérieur, j’ai fait miennes. Je me suis sentie métisse, à bien des égards. C’est ce qui m’a apprit que la réalité peut être multiple, mouvante, et même parfois contradictoire. Alimentation, éducation, santé, vision de la vie et des rapports humains… Ce qui est logique dans une culture ne l’est pas forcément dans une autre. C’est ce qui m’a poussé, dès l’adolescence, à rechercher ma propre vérité, dans tous les domaines.

Le Tchad, où j’ai passé le plus d’années, était un pays en souffrance, l’un des plus pauvres d’Afrique. L’espérance de vie y était de 45 ans. Les soins médicaux extrêmement insuffisants. Lorsque l’on vit là bas, il se passe rarement un mois sans que l’on vienne nous apprendre le décès de quelqu’un. Je me rappelle les oncles de l’homme qui est devenu mon mari, décédés pour des maladies dont on ne meurt plus en occident, comme d’un calcul rénal. Je me rappelle ce nouveau-né, mort de faim car il n’arrivait simplement pas à téter et qu’il n’y avait pas d’alternative accessible ou connue. Ou cet homme mort d’hémorragie après une entaille à la cuisse, car l’hôpital le plus proche était bien trop loin.

L’ignorance, le non accès à la connaissance des besoins de base du corps et des premiers soins me semblait plus grave encore que la pauvreté. Je ne comprenais pas tout, mais je constatais, impuissante. Quand j’étais lycéenne, mes parents possédaient un petit guide d’anti-consommation, qui apprenait à faire bien des choses par soi-même. Je le lisais et relisais, au point que la couverture s’en déchirait et que ses pages s’en détachaient ; testant une recette de soin par ci, un jardinage par là. Dans un pays où il n’y a «rien» et où la dépendance envers les pays riches est totale, le fait de savoir s’en sortir avec peu de choses prend un sens particulier. Je me passionnais donc pour l’auto-suffisance. Je m’intéressais aux plantes sauvages médicinales d’Afrique. Aux huiles essentielles. Au massage. Et je commençais à faire le lien entre la nourriture et la santé.

Ce qui m’intéressa au fil du temps était de pouvoir revenir à la compréhension de la base des besoins du corps. L’être humain avait vécu et évolué pendant des millénaires sans toute notre technologie, nos médicaments et nos connaissances. Je trouvais ces avancées formidables, bien sûr, mais j’étais convaincue que même dans la pauvreté, nous devions pouvoir vivre de façon optimale. Qu’il y avait la possibilité, sans doute oubliée, d’une égalité pour tous. Même toutes les connaissances apportées par les traditions et la culture au fil des génération me semblaient incomplètes, basées sur un savoir partiel, issu des possibilités plutôt que du savoir et de la compréhension profonde du fonctionnement du monde, du corps, de la terre. Il manquait quelque chose.

L’humanité avait-elle été plongée dans l’oubli ?…

(article suivant : Revenir à la base des besoins humains)

Ecole à la maison pendant le confinement : des ressources concrètes :

Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Pour transformer notre société vers plus d’épanouissement de l’individu et plus de respect de la planète, nécessités primordiales actuellement, c’est par L’EDUCATION que cela passe.

Actuellement, nous avons entre nos mains le pouvoir de faire ÉVOLUER LA MANIÈRE D’ENSEIGNER dans les écoles vers quelque chose de plus joyeux et plus ludique. C’est VOUS, parents, qui pouvez devenir acteurs de ce changement.

Suite à mon post d’hier sur notre vision de l’instruction après 11 ans d’école à la maison, on m’a demandé à plusieurs reprise :
******”comment faire pour s’adapter aux apprentissages de son enfant alors que l’on est bombardé de cours virtuels et de directive de la part de l’éducation nationale ?”******

Tout est une question de PERSPECTIVES. Vous pouvez reprendre les cours imposés mais les proposer différemment. Et très franchement je vous y invite ! Échangez avec les enseignants pendant cette période, testez des choses, envoyez-leur des photos de vos créations, de vos idées. Je vous assure que la plupart d’entre eux y sont ouverts et n’attendant que ça (mon frère est prof et il confirme !).

Je voudrais vous donner un EXEMPLE PRÉCIS. En faisant l’école à la maison, nous sommes également soumis aux contraintes de l’EN. J’ai alors été amenée à créer des SUPPORTS pour mes propres enfants afin qu’ils puissent respecter leurs besoins (joyeux, ludiques, visuels, synthétiques + de manipulation, dans la nature…) tout en s’adaptant aux nécessités de l’éducation nationale.

Je vous partage en lien le SITE que l’on a créé avec tous ces supports et idées gratuites, ainsi que nos produits (notamment une méthode de grammaire en Bande Dessinée) :

Profitez de ces moments d’exploration pour faire exploser votre créativité. Cette période n’arrive qu’une fois, elle est unique, C’EST LE MOMENT D’AGIR.